Naïma Arlaud
Mia Mohr
Mia Mohr
Aurélien Gattegno
Sorcière. Dans cette histoire, c’est une sagesse collective féminine qui vient de loin. Mais les sorcières sont vivantes,à l’intérieur des civilisations ancestrales qui placent l’humain à l’écoute des écosystèmes, en opposition à la civilisation qui considère l’écosystème comme un territoire à dompter, dominer et exploiter. Ce territoire inclut Terre et Mers, mais aussi les autres espèces animales, les corps humains et particulièrement féminins. Sorcières sont celles qui perpétuent une cosmogonie et un patrimoine de pratiques en lien sacré avec la Terre et le “pouvoir-du-dedans” (voir l’ouvrage de Starhawk “Femmes, magie et politique”). Les sorcières occidentales n’ont pas été totalement exterminées, mais leur réalité collective a été dispersée, invisibilisée et décrédibilisée au point d’être réduite dans l’imaginaire commun à un épisode dont on peut se servir pour se réjouir d’être “sortis du Moyen-Age”. Les sorcières elles-même sont considérées comme une métaphore, un mythe. Il y a des éléments communs dans l’histoire des sorcières occidentales et celles des peuples appelés “autochtones”. Mais cette coupure dans la transmission de l’héritage de pratiques et de savoirs-faire les différencie. Ainsi, celles qui se réclament de l’identité sorcière ici aujourd’hui le choisissent en sachant qu’elle est nécessairement subversive. D’autre part, à défaut d’un héritage issu d’une tradition, elles doivent (se) recomposer un patrimoine, collectivement ou seules. Dans les deux cas, cela implique des recherches, des voyages dans le temps et/ou l’espace… ainsi qu’une imagination audacieuse. SORS ta CIERE témoigne de la découverte de cette multiple identité sorcière enfouie dans les failles de l’Histoire des vainqueurs, et du chemin intime vers l’appartenance à cette identité toujours mouvante. C’est une remémoration créative, qui cherche comment raconter le mythe pour qu’en le faisant il reprenne vie.
Jonas Brulhart, Livre d’Or du Galpon, 2018